L’Electeur de Schrödinger

« Chef, chef, nous avons regardé dans la boite et le citoyen est déjà décédé.
– Il doit bien nous rester un échantillon pour les besoins du carottage.
– Du sondage, chef, pour les besoins du sondage…
– Ha oui, c’est vrai ; je me demande pourquoi je lapsus toujours. »

 

L’électeur de Schrödinger.

          Exploitons les miettes passées au travers du tamis médiatique, et déterrons cette petite pépite logique à l’éclat aguicheur…
A une époque où il fait bon de s’arrêter un instant pour voir le progrès continu, ouvrons une pochette surprise sur la politique d’aujourd’hui, où tout bon expert scientifique s’est vu démonstrativement rassuré quant au perçant de la perspicacité des discours – quelqu’un a-t-il une courbe pour la soutenir, quant à l’affûtage de la rigueur intellectuelle de l’entourage qui les prépare – quelqu’un a-t-il une deuxième courbe pour la mettre en perspective, et, pour en revenir à ce qui compte c’est-à-dire ce qui tombe dans nos poches, au risque de le voir diviser par un dans un monde où la croissance est un équilibre.
Non, non, ne parlons pas encore de la multiplication, elle intensive, du prix de l’essence et des produits alimentaires, ou celle, elle poussive, des salaires, où toute bonne manifestation, à visée écologique sous-jacente bien entendue, s’accompagne de flambées de pneus aux volutes médiatisées…
L’électeur de Schrödinger donc, ou l’expérience de pensée d’une mise en boite de l’électeur lambda duquel on attendra la réponse non moins lambda – quelqu’un prépare-t-il un grenelle, à une question dont le politique attendra la réponse pour la promulguer, si possible conforme à celle qu’il lui aura martelé, et sinon elle passera aux oubliettes des non-subventionnées.

Nouvelle à suivre : All in. (Part 1)

          Michaël Revancha regarda sa main et leva les yeux au ciel, de manière intérieure bien sûr même si derrière le tout dernier modèle de lunettes special poker de chez Ray X, son regard restait imperceptible.
          Oh, Grand V, pensa-t-il plusieurs fois avant d’entamer une obsécration routinière pour ne pas trahir l’émotion qui manquait déferler en un sourire ravageur à chaque nouveau battement de cœur.
          S’il avait été chez lui, il aurait discrètement commandé une pizza-pute et aurait laissé la pizza pour plus tard.
          Il tripota une colonne de jetons, la coupa en deux puis la recomposa, faisant mine d’hésiter à se lancer dans le coup… Mais c’était tout vu ! S’il entraînait les deux autres dirigeants qui restaient à la table finale de cet U.A.P.T. avec sa paire de rois, la victoire était sienne ; il en savourait juste les prémices comme le frétillement d’une langue taquine amorçant la royale apogée.
          Jusqu’au feu d’artifices marquant la fin d’une épique saison.
          Comme son peuple aurait été fier de lui ! Il aurait encore fait prospérer son alliance le prochain semestre, enchaînant les campagnes sans perdre le moindre de ses sujets, gagnant même de l’espace de stockage, si précieux, en comptant cette nouvelle victoire, et ceci jusqu’au prochain tournoi organisé à bord – le seul qui comptât.
          En gagnant le précédent, il s’était assuré la mainmise sur pratiquement 85 pour cent du territoire virtuellement colonisé de Mars ; terrain que ses forces armées finissaient de conquérir en ce moment même dans une dernière bataille, baptisée ‘’Vrai œil De l’Aigle’ en symbole de sa totale domination.
          Diffusion en simultané sur une chaîne alliée, comme le rappelait un spot TV récurrent à la limite de l’insoutenable. Mais Michaël Revancha le savait, les spectateurs le savaient, ils ne se trompaient pas en choisissant son programme. Ce tournoi avait ceci d’exceptionnel que la décision finale prendrait effet immédiatement : ce tour de table aurait été bien parti pour lancer le départ des astronefs placés en attente dans leurs rampes de lancement.
          Ne manquait que le rapport de la mission d’exploration qui devait entériner sa décision ; Em. Simon devait l’envoyer dès le rétablissement du canal de communication avec Mars.
          Les astres se mettaient en place à la bonne heure, 16H13, ça ne devrait plus tarder maintenant ; une grosse poignée de minutes, juste le temps de faire table rase !
          Michaël Revancha avait pris plus que celui d’évaluer les tas des deux autres joueurs, il misa juste de quoi couvrir le tapis de la petite blind, presque tremblant, mais suffisamment pour titiller Arthur Jii et l’amener au tapis s’il s’embarquait.
          Le Grand DVD marche à mes côtés, se répéta Michaël, allons voir ce flop !

Aveu d’un Lecteur Inconscient

 J’avoue, je préfère à la bouteille la bougie,
Même si la bouteille séduit ;

 

Je ne puis penser qu’elle ait vraiment son pareil,
Pour développer l’appareil.

 

A moins que de sa propre eau elle ne soit remplie,
Intérieur qui de forme agit.

 

Dans la vigueur le pas devait s’encourager,
Pour en chemin s’atténuer,

 

Ou pour révéler le démon dans le poison,
Celui qui excite le bon.

 

J’avoue, je préfère à la bouteille la bougie,
Source où jamais je ne m’ennuie ;

 

Mon cerveau aspire mon imagination
Pour propulser en passion

 

Les plus fantastiques de mes constructions,
Sans limite à mes actions…

 

Le rythme des images m’attrape au vol
Et bientôt mon esprit décolle,

 

Traversé par tous les sens que le livre emprunte,
Dans cette lumière qui éreinte.

 

J’avoue, je préfère à la bouteille la bougie,
Ma mie dans ce beau bleu tapie,

 

Elève-toi, dans tes fumées, corde de braise ;
Ton cône se déploie à l’aise,

 

Si tu n’avais à subir la pesanteur de l’heure
Tu serais ronde comme une fleur

 

Et blanche un bref instant de ses couleurs vives
Où se forment les mots qu’Il rive,

 

Pour élever ses doux photons métaphysiques
Parés de vibrations cosmiques.

 

J’avoue, je préfère à la bouteille la bougie,
Celle à qui je dois dire merci,

 

De m’offrir un autre refuge visible en toi,
Ondulant de l’artiste moi,

 

De maintenir mes racines dans l’univers
Et Klee pour ma tête à l’envers,

 

Dali, Van Gogh quand il s’agit d’aller tout droit,
Ou Kandinsky comme un bon roi.

 

Principe de nécessité première livre-toi…
Un souffle et tu n’existes pas.

 

Texte de Romain Breton.

Poéslam : élection

Enchanté mes amis, si vous daignez m’écouter
(Bon, en même temps, vous n’avez pas le choix !)
Ecoutez mes amis, si vous daignez enchanter
Cet instant bien précis où nous allons nous rencontrer
Pour clamer tous unis cet éloge à la liberté partagée,
Oh partagez mon envie de ne plus voir le citoyen asservi
Au futur qu’ils hypothèquent l’affranchir de sa dette
Pour voir ses moyens servir à ce qu’ils projètent
Plutôt qu’aboutir à ceux qui les promettent.

Point d’idées partisanes dans mes propos
Mais plutôt prendre à partie l’âne sur ses ergots
Pour passer du coq à l’âme de mes idéaux.

J’ai fait un rêve, I had a dream,
Et j’ai trouvé dans la trêve, un milieu de rimes,
Pour élever ton système où l’âne néant tire
Quelque soit ton emblème où l’âne est empire.

Point d’indignation mais une révolution
Pour qu’évoluent enfin les mentalités
Pour que se dévalue le cours des banalités
Pour que soient entendues des causalités
Qui ne soient dévolues à des féodalités
Riches de nous voir convaincus de leur prodigalité
Entretenue sur la répétition de leurs actualités
Manipulant l’émotion pour ajuster leurs légalités
Promulguant leurs motions jusqu’au pack prêt à tenter.
(Et si j’arrête, c’est que…)
Nul doute que pour les projets fantomatiques et les chimères,
L’univers médiatique réserve une carrière prospère
Mais n’ont-ils qu’un avenir subventionné
Ou des perspectives de productivité,
Pour de nos vies l’intérêt composer ?

J’ai fait un rêve, I had a dream,
Et j’ai trouvé dans la grève, un millier de rimes,
D’une ligne esclave sans arène épouser le sable
Pour le souffler si lisse il filera glaive
Comme mon peuple sera milice pour sabrer les fables

De qui, de la justice ne cherche que le prix du bandeau,
Dans la communauté celui du procès,
Dans les valises prolonger le coût du fardeau,
Et de l’adversaire celui du rejet.

J’ai dans la main le souffle de la Nation, et dans le cœur celui de la passion
Où le sein tari de la démocratie creuse une faim à bouffer des urnes
A voix déçue reniai le choix laissé
A l’électeur d’une caricature devenue funambule aux bras trop chargés,
Et me préfère le réflecteur de la Nature aux sanglots tâchés ;
Quand même tes thuriféraires tu les fais rire
Et sans une touche férir quand tu t’agites en funéraire…

J’ai fait un rêve, I had a dream,
Et j’ai trouvé dans la sève, un millier de rimes,
Pour raviver les chants de ‘Yes, I can’ bis  et clamer De Profundis

Mais si aujourd’hui le micro rosse, c’est que le microproce’ a mis le croc sur un os
De ce que le big boss brosse, et fait le bit molosse
Lâche la meute aux faits et ricoche,
Jusqu’à ce qu’écorche un flot hardcore
Pour saigner l’envers du mot d’ordre.

D’un Slam à donf’ devenu véner’
Une lame de fond sur un coup de nerf
Balayer ces boucliers sectaires,
Et rendre à l’atome citoyen ses armes de guerre.
Mon seul dogme, la femme et lui construire un univers
Qui fera craquer l’imaginaire
Et répandre le bonheur sur cette Terre.
Moi-même, MC toyen ou MC troyen – ça dépend de ce que l’Art aura mis dans le cheval,
Me suffit d’elle pour un avenir clair…

Ô Liberté, sois ma maîtresse, que je ne me trompe  pas !

Vert

          Allongé dans la nature comme une chrysalide à mon humeur, je dévore l’amertume à grands crocs de faune et de flore, retrouvant dans les saveurs croustillantes de l’automne les parfums fous que l’été abandonne.

          Mes pensées se mêlent à leurs effluves vagabonds pour adoucir les promesses du printemps qui se concocte sous ton feuillage. Progressant à pas de fleurs, elles profitent de chaque pétale épargné comme enrichissement à l’infusion préparée dans les nuages et se distillent par petites touches végétales comme nouvel arôme au moral, éloge d’une fuite où s’imprègne au soleil palpitant une grappe de souvenirs ainsi gravée :

Roulant sa pierre
Le scarabée traverse
Mon chemin velu,

Les feuilles dorées
Etincèleront.

 

Vert : Acrylique de Liliane Cima – 73×54 – 2009.
Texte : Romain Breton.

Regards 18 : Simulacre

            Elle s’étalait là, figée sans atour comme l’image à l’écran éclairait la scène, pointant de toute l’indécence de son corps le cadre encore miroitant des décors mirifiques dont elle avait convoité les feux et les transports. Le simulacre numérique gardait la pose enfiévrée – sans doute avec le même espoir fictif d’être ranimé, mais ses couleurs l’avaient emportée ; les siennes s’atténuant jusqu’à la quitter. Ou peut-être s’était-elle plus simplement trompée d’interrupteur et elle avait éteint sa vie, les voix du plasma la prenant au trip pour la diluer, la happer dans l’ombre des fumigènes qui lui grignotaient la chair, vers la même sortie embrumée que son public. L’explicite habituel de la froide résolution du tueur aux séries.

 

Tableau de Caroline Tafoiry – Technique à l’encre ou acrylique sur fond de publicité – 30×40 – Regards : Œuvre 18.

Texte de Romain Breton.

Regards 11 : Rien de grand ne se fait en un jour

            Déroulant le fil des ans comme un dément sans bobine, je tisse l’avenir posthume tandis que la clepsydre emporte chaque goutte de toi, alchimie des perspectives qui enflamment mes doigts, devenue fard dans ce creuset d’espoirs de mondes meilleurs pour le plaisir d’offrir des lignes à un horizon où ne me lasserai d’entrevoir la beauté de tes rives sublimées de ces utopies déchaînées qu’élaborent le temps souverain, tu t’élèveras dans ce maelstrom d’éléments sans issue pour souligner les écueils et les récifs frémissants d’incertains annihilés et, donner cap au petit promeneur parmi les éléments indigents et retors jusqu’à l’aurore mâture où se retrouveront nouer les fragments d’époques recomposées que tressent tes cheveux maltés.

 

Tableau de Caroline Tafoiry – Technique à l’encre ou acrylique sur fond de publicité – 30×40 – Regards : Œuvre 11.

Texte de Romain Breton.

Les Chants de la Cité

Tubing the whole colour from the scene
To enhance a greater face on the screen
Waving flat hours of the grey
Into new pictures for a lay

I’ll sing you’re not alone when it falls
Screaming your blood upon the walls
You’ll see me walking by the door
Sending news from where you’re looking for

Freedom is out there waiting in a last soar
For you to dig out the tear we have to pour

A loving breath rolls up my chops
Don’t you hear me roaring by your side

You’ll feel me around your hopes
Giving rise to the track you’re ready to ride

Cry me liquor made of stars
And I’ll bring the green to seal your scar.

 

City Songs : Huile sur toile de Claude-max Lochu – 50×50 – 2009.
Texte : Romain Breton.